Qu’est-ce que la prégnénolone ?

La prégnénolone est une hormone stéroïdienne produite à partir du cholestérol, principalement dans les glandes surrénales et le cerveau. Elle est le précurseur de toutes les autres hormones stéroïdiennes, y compris le cortisol, la DHEA, la progestérone, la testostérone et les œstrogènes.

Mais son rôle ne s’arrête pas là : la prégnénolone est aussi un neurostéroïde qui influence directement le fonctionnement cérébral, la mémoire, l’humeur et la résistance au stress.

Une histoire oubliée… et redécouverte

Découverte dans les années 1930, la prégnénolone a été étudiée pour ses effets sur la fatigue et la dépression. Éclipsée par la cortisone dans les années 1950, elle est restée dans l’ombre pendant plusieurs décennies. Depuis les années 1990, elle revient sur le devant de la scène, notamment grâce à ses effets neuroprotecteurs et à son potentiel thérapeutique en médecine fonctionnelle.

Pourquoi la prégnénolone intéresse la médecine fonctionnelle

La médecine fonctionnelle cherche à comprendre les déséquilibres profonds du corps avant l’apparition de pathologies avérées. La prégnénolone joue ici un rôle central dans plusieurs domaines :

Stress chronique et adaptation

Lors de stress prolongé, l’organisme privilégie la production de cortisol au détriment des autres hormones, au risque d’appauvrir la réserve en prégnénolone. Cela peut entraîner fatigue, troubles de l’humeur et baisse de la résistance au stress.

Fatigue fonctionnelle

Une prégnénolone basse est souvent retrouvée dans les états de fatigue chronique ou de burn-out. Son soutien peut contribuer à relancer la stéroïdogenèse en amont, avec un effet « restaurateur » progressif.

Fonctions cognitives et neurostéroïdes

La prégnénolone améliore la mémoire et la concentration dans certains essais. Elle agit notamment via les récepteurs GABA-A et NMDA, influençant la neuroplasticité et l’humeur.

Dépression et troubles de l’humeur

Des études ont observé des niveaux abaissés de prégnénolone dans certaines formes de dépression. Sa supplémentation pourrait offrir une piste complémentaire, bien que les données restent préliminaires.

Déséquilibres hormonaux

Chez les femmes en péri-ménopause ou chez les hommes en andropause, une baisse globale de la stéroïdogenèse peut affecter le bien-être. Agir sur le précurseur qu’est la prégnénolone offre une approche plus systémique.

Comment positionner la prégnénolone dans un bilan fonctionnel ?

La médecine fonctionnelle privilégie une lecture intégrée des données biologiques. Le dosage de la prégnénolone prend tout son sens dans le contexte suivant :

  • Profil hormonal global (cortisol, DHEA, progestérone, etc.)

  • État de stress chronique : phase d’alarme, de résistance ou d’épuisement

  • Troubles neuropsychiques sans cause organique évidente

  • Accompagnement des troubles hormonaux fonctionnels

Interpréter la prégnénolone isolément n’a que peu d’intérêt. C’est sa place dans la dynamique de réponse adaptative qui guide l’approche thérapeutique.

Dosage biologique de la prégnénolone

Quand réaliser un dosage ?

  • Fatigue inexpliquée, troubles cognitifs, dépression atypique

  • Suivi d’un traitement hormonal ou d’une supplémentation en DHEA

  • Bilan fonctionnel de terrain hormonal

Techniques et valeurs normales

  • Dosage sérique ou salivaire

  • Méthode recommandée : LC-MS/MS (chromatographie-spectrométrie)

  • Valeurs de référence :

    • Homme adulte : 30–120 ng/dL

    • Femme adulte : 20–90 ng/dL

  • Ces valeurs peuvent varier avec l’âge et selon les laboratoires

Limites et interprétation

  • La prégnénolone varie selon l’heure de la journée et le niveau de stress

  • Son dosage doit être interprété dans un contexte global

  • Certains médicaments peuvent perturber sa concentration

Applications cliniques et conditions d’utilisation

Indications possibles

  • Fatigue chronique avec désadaptation hormonale

  • Troubles de la concentration ou de la mémoire

  • Trouble anxiodépressif résistant

  • Déséquilibres liés à la ménopause ou l’andropause

Modalités de supplémentation

  • Posologie usuelle : 10 à 50 mg/jour, le matin

  • Forme : orale sublinguale ou micronisée

  • Durée : 1 à 3 mois avec réévaluation

  • Surveillance : dosage de la DHEA, du cortisol et des hormones sexuelles

  • Contre-indications : antécédents de cancers hormonodépendants, grossesse, automédication

Perspectives d’avenir

Les recherches récentes étudient la prégnénolone dans des domaines variés :

  • Schizophrénie et troubles bipolaires

  • Sevrage alcoolique

  • Douleurs chroniques et fibromyalgie

  • Prévention du déclin cognitif

Cependant, malgré un profil physiologique prometteur, les données restent hétérogènes. La supplémentation reste un acte médical à encadrer rigoureusement.


Conclusion

La prégnénolone, longtemps négligée, retrouve aujourd’hui une légitimité dans l’approche intégrative du soin. Son rôle de précurseur stéroïdien et neurostéroïde lui confère un potentiel thérapeutique unique. Elle s’inscrit dans une vision systémique de la santé, où stress, cognition et équilibre hormonal sont étroitement liés. À condition d’être utilisée avec discernement, elle peut devenir un outil précieux dans l’arsenal du praticien en médecine fonctionnelle.


Références scientifiques

  1. Schumacher M, Mattern C, Ghoumari A, et al. Revisiting the roles of neurosteroids in the nervous system: results from recent research. Pharmacol Rev. 2022;74(2):342–404.

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  3. Flood JF, Morley JE, Roberts E. Memory-enhancing effects in male mice of pregnenolone and steroids metabolically derived from it. Proc Natl Acad Sci USA. 1992;89(5):1567–71.

  4. Frye CA, Walf AA. Estrogen and/or androgen influence on pregnenolone metabolism in the central nervous system. Brain Res Rev. 2008;57(2):444–53.

  5. Genazzani AR, Stomati M, Bernardi F, et al. Neurosteroid and central nervous system functions: an overview. Gynecol Endocrinol. 2003;17(2):115–20.

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